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Voilà un sujet difficile qui est celui de parler du silure !

J'ai mis des années avant de me lancer dans cet écrit tant les choses peuvent être compliquées lorsque le nom de ce poisson est évoqué. Il suscite aujourd'hui pour beaucoup de pêcheurs de nombreuses interrogations et de nombreuses craintes alors qu'une infime minorité le vénère.

Qu'en est-il réellement ? Est-ce un nuisible ? A-t-il sa place dans nos eaux ? Faut-il le détruire ?

Se sont autant de questions qui animent aujourd'hui les débats et les polémiques. Faute d'être apprécié au moins le silure fait parler de lui !

Le silure - nuisible ou ???

Avant de débuter et je préfère le préciser de suite, je ne suis pas un pêcheur de silure. Etant spécialisé sur la recherche du sandre, à en écouter certains pêcheurs, je devrais même être un anti-silure...

Pourtant et d'où l'écriture de ce sujet, je remets mes captures à l'eau. Suis-je fou ?? Peut-être mais je vois la présence du silure d'une toute autre manière.

Pour commencer, je pense que comme toutes les espèces introduites, il faut laisser le temps à la nature de faire les choses. Il est logique lorsque une espèce nouvelle apparaît - d'autant plus si elle se plait - qu'elle s'installe avec parfois des fortes densités. Dans cette phase de "colonisation", l'impact sur le milieu peut être significatif mais le temps est toujours là pour rattraper le déséquilibre ! La nature le démontre depuis des millénaires alors que l'homme a toujours été là pour bouleverser les écosystèmes en place...

Soyons honnête, le problème vient surtout de "nous" .

Le silure - nuisible ou ???

La nature - elle - profite des failles, des disponibilités qu'on lui laisse ou qu'on crée pour se développer. Et lorsqu'une espèce apparaît et surtout si une niche écologique (la sienne) est vacante, il est logique qu'elle va en profiter pour s'installer. Cela a été le cas pour le sandre, le black-bass et bien d'autres espèces en France, mais ça je ne vous l'apprends pas. Par contre le silure, lui, il a tout sauf ce droit aux yeux de nombreux pêcheurs !! Cela ne vous rappelle pas certains discours sur le sandre ? ou sur le brochet qui mangeait au début du siècle soit disant son propre poids de poissons par jour ?

Premièrement, si une espèce arrive à se développer dans un milieu c'est bel et bien que ce dernier le permet. Sans cache, sans support de ponte et de nourriture adaptés, le poisson que l'on souhaite introduire ne se développera pas. C'est le cas pour le brochet dans certains étangs, du sandre sur certaines rivières et du black-bass ailleurs. Chaque milieu ne peut pas convenir à chaque espèce. En revanche, un bouleversement dans celui-ci peut tout  faire changer et c'est souvent la faute de l'homme - encore nous.

Si certaines espèces ont diminué dans nos eaux c'est avant tout par l'usage que l'on fait de cette denrée ! Le silure a souvent bon dos mais n'en est pas le responsable et pourtant au bord de l'eau, il est souvent désigné coupable !

Exemple très simple et observable: combien d'étangs ou de gravières étaient il y'a encore 15 ans très riches en sandres ou en brochets ? Alors qu'aujourd'hui l'un ou l'autre se fait rare sans même la présence des silures. La raison est très simple, pour beaucoup quand il ne s'agit pas de prélèvements abusifs, la qualité des eaux s'est soit améliorée soit dégradée. J'ai ainsi pu voir les eaux de certains plans d'eaux s'éclaircir avec un fort développement d'algues aquatiques (élodées, myriophylles etc... ). La chaîne alimentaire s'est alors modifiée et est devenue plus favorable à une espèce comme le brochet qui a retrouvé des "conditions optimales" pour se développer. Les sandres ont presque disparus de ces eaux (sauf gros individus). Dans d'autres cas, le pollution et la turbidité ne permet plus à la lumière de passer. Les herbiers ont fortement diminué et la reproduction des brochets n'est plus possible alors que les sandres n'en sont pas dérangés. Ils en ont profité pour exploser.

Hors si un milieu est capable d'accueillir X quantité de poissons, il ne peut pas doubler sa capacité, il s'agit d'une question d'équilibre. Si une espèce prend le dessus, la seconde ou les autres diminuent et vice versa. C'est ainsi que le sandre a pu se développer très fortement pendant de nombreuses années face à une diminution des zones de frayères des brochets, de nombreuses pollutions et une mauvaise qualité de l'eau. Avec ce que l'homme a détruit, une niche s'est éteinte, une autre a donc vu le jour.

Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser avec l'amélioration de la qualité de l'eau et de sa gestion (il y'a encore beaucoup de boulot). Dans bien des endroits le sandre régresse pour laisser place aux brochets... En aucun cas l'un est nuisible pour l'autre ! Pourtant la tendance populaire aime affirmer que les silures ont mangé tous les sandres !

Bref petite parenthèse "explicative" qui permet de comprendre également pourquoi le silure et dans un sens large pourquoi une espèce plus qu'une autre "explose". C'est parce qu'elle a tout simplement l'opportunité de le faire en bénéficiant d'une niche vacante et non exploitée. Pour le cas du silure, c'est clairement l'une des raisons de son acclimatation. Il est trop réducteur de dire que l'apparition du silure a été contre celle du sandre ou du brochet.... Et que par cette explosion, le silure a détruit la ressource...

Croyez-moi c'est tout sauf le cas !!! Que dire alors des milieux où sandres et brochets ne sont plus présents sans même la présence de nos "gros chats" ? A ce sujet, j'ai bien quelques pistes...

 

Le silure - nuisible ou ???

D'ailleurs l'une d'elle est évidente et je vais prendre l'exemple de Guerlédan ! Sa réouverture démontre parfaitement les propos qui vont suivre. Comment expliquer qu'il était possible de capturer 15, 20 ou 25 brochets par jour après seulement 2 ans de remise en eau ?

C'est très simple, chaque milieu produit une masse piscicole à l'ha d'eau. Les milieux pauvres produisent 150 kg de poissons / ha alors que les plus riches peuvent afficher 500, 600 voir 800 kg / ha. Lorsqu'un lac est vidé, la nature repart à zéro.

Prenons pour exemple un étang de 50 ha avec une capacité de 350 kg de poissons / ha. Suite à la vidange, imaginez un alevinage de 2.5 tonnes de toutes espèces. Disons 500 kg de carnassiers, 1500 kg de blancs et 500 kg de carpes. Il s'agit déjà là d'un alevinage conséquent financièrement et pourtant le lac peut "théoriquement" accueillir 17.5 T de poissons (50 x 350 kg). Soit un alevinage qui correspond à seulement 14% du potentiel de production des lieux. Je simplifie puisqu'il y'a également un tas d'autres paramètres chimiques qui rentre en compte mais sans rentrer dans les détails, clairement, les poissons fraîchement alevinés ne sont pas en concurrence alimentaire.

La capacité de production du site est telle qu'il y'a profusion de nourritures. Autant dire que les poissons blancs et les carpes vont rapidement profiter. Non seulement grossir mais également se reproduire avec des alevins qui eux même n'auront pas de réelle concurrence. La population va naturellement exploser les premières années ainsi que celle des carnassiers.

En 2 ou 3 ans, le cheptel va doubler et même tripler à grande vitesse. Mais il s'agira d'une population "jeune". Les poissons d'origine seront minoritaires face à la quantité de petits de 1 ou 2 étés toutes espèces confondues. Le lac va alors rapidement retrouver une vie débordante avec l'ensemble des vides comblées dans les différentes niches alimentaires. Sauf que les populations étant jeunes, les pêcheurs retrouveront surtout de la quantité. Au fil des années, soyez certains que les prises vont diminuées et après 15 ans, ses pêches seront regrettées !!! On entendra alors "c'était mieux avant" ou "il y'a moins de poissons".

Vrai et faux ! Les poissons sont toujours là mais de manière différente.

Sur la quantité, c'est vrai il y'a moins de poissons mais pourquoi ? Tout simplement parce que la nature a retrouvé un équilibre avec une pyramide des âges (ou pas) puisque les populations vieillissent. Si au départ 100 kg de brochets pouvaient représenter 100 poissons d'1 kg (phase d'explosion), après 15 ans, cette masse peut correspondre à un sujet de 10 kg, 4 de 7 kg, 10 de 5 kg et 12 de 1 kg soit 27 individus. Il est certains que le ratio " touche " sera moindre en comparaison au 100 sujets d'origine mais la " masse de brochets " est toujours bien là !!!

Il est impossible pour un milieu de produire plus que ce qu'il peut. Si un étang peut accueillir 100kg de brochets, la quantité d'individus sera fonction des poissons en place et surtout de leurs dimensions. Au départ cette quantité peut être très forte mais avec le temps elle diminuera en fonction du vieillissement des individus.

Pourquoi cet exemple, tout simplement parce qu'il peut être transposable avec l'explosion du silure. Et je vais pousser encore plus loin la réflexion en indiquant qu'il en est de même pour les brèmes, les carpes etc.... hors 100 kg de brèmes de 50 gr ou 100 kg de poissons de 1 kg n'a pas la même répercussion sur un milieu. Dans un sens on a 2 000 "petits" individus et dans l'autre 100 "gros".... Sauf que 2 000 brêmettes de 50 gr nourrissent des sandres, des brochets, des perches mais 100 poissons du kg et bien... mise à part des silures, ça nourrit pas grand chose !!! Heureusement nos "moustaches" sont arrivés, nous y reviendrons par la suite...

Mais comme la nature est bien faite et qu'elle a horreur du vide. Si le milieu doit perdre 100 kg de poissons et si l'homme lui laisse le temps de faire son œuvre, la nature les retrouvera. Sauf qu'une brème ne naît pas à un kilogramme. Ce sont autant de petits poissons qui vont avoir la nourriture disponible pour pousser. L'élimination par une prédation (le silure) permet alors de renouveler par le bas les populations. Que cela soit par la pousse de petites brèmes par milliers ou de gardons, ablettes et autres petits cyprinidés. Là nous commençons à rentrer dans le vif du sujet "intéressant".

Le silure - nuisible ou ???

Ce que je veux dire est très simple, qu'importe le milieu, les populations de poissons vieillissent et la place prise par les plus gros ne l'est pas par les plus jeunes. C'est le cas pour les sandres sur certains lacs où désormais nous retrouvons trop de gros individus, c'est également le cas dans certaines pièces d'eaux avec les gros brochets etc...

Désolé de le dire et de l'écrire mais si les carnassiers sont adorés pour l'assiette, brèmes et carpes sont systématiquement remis à l'eau. Ces deux espèces prennent une place très importante dans la biomasse des poissons blancs et déséquilibre par la même occasion - de la même manière que les gros carnassiers - le milieu. Hors comme je l'ai expliqué plus haut, la présence de 100 kg de grosses brèmes ou de 4 carpes de 25 kg sont autant de petits individus de la même espèce qui ne pousseront pas, soit des milliers de proies "potentielles" et si utiles pour nos carnassiers...

Attention je n'écris pas qu'il faut les détruire ! Au même titre que je remets mes poissons à l'eau, je comprends également ceux qui relâchent ces gros poissons blancs. Mais si les carnassiers eux sont prédatés, le problème aujourd'hui est que les gros blancs ne le sont pas du tout. Et je suis persuadé qu'une partie du problème de nos eaux aujourd'hui vient de là sur le sujet de la "productivité" de nos eaux en carnassier.

Mais l'arrivée du silure a changé la donne, on a un prédateur !

Le silure - nuisible ou ???

Avant de poursuivre sur les gros poissons-blancs revenons-en à notre "ami" moustachu.

De la même manière que les espèces précédemment citées, il ne déroge pas à la règle de dame nature. A sa phase d'expansion, ils seront très nombreux mais de petites tailles. C'est à ce moment là que les prises sont très régulières et nombreuses. C'est également là que tout le monde "panique". Mais au fil des années les populations grandissent et s'éclaircissent. D'un démarrage à 100 kg de silures entre 6 et 10 kg, une pyramide des âges va s'installer puis les captures vont diminuer pour grossir en taille jusqu'à parfois disparaître dans certaines eaux.... Non pas qu'il y'en a moins mais la place prise par les plus gros ne permet plus aux plus petits de se développer. La "masse" est prise. Si bien que sur une portion de rivières si nous pouvions retrouver 200 petits individus, après 15 saisons, il ne reste parfois qu'une 20 aine de sujets de petites à très grandes tailles.

Un cas de figure que l'on retrouve désormais dans tous les milieux qui ont été colonisés il y'a une vingtaine d'années par le silure et où tout le monde criait au "scandale" ou à la destruction de l'espèce. Aujourd'hui les choses ont évolué, les prises se sont raréfiées en revanche c'est parfois du très lourd. A ce titre nombreuses des eaux que je pratiquais il y'a quelques années permettaient la capture régulière de sujets entre 70 et 110cm, aujourd'hui elles ont disparus et les poissons touchés sont des individus désormais de 1,50m à bien plus... Et oui les 5 poissons de 10kg ont été remplacés - dans le temps - par 1 seul de 50kg...

Je le répète, il faut laisser faire la nature, elle le fait mieux que nous d'autant que les gros silures sont cannibales !

Le silure - nuisible ou ???

Pour l'une de ses raisons, Messieurs Anti-Silure, laissez les plus gros en place. Un gros individu dans un milieu évite à autant de petits de pousser... En les retirant vous ne faites que redynamiser la population par le bas ... ce n'est que reporter la problématique !

Attention, je n'écris pas qu'il faut un No-Kill intégral. Comme pour toutes les espèces, il faut un prélèvement à un moment ou à un autre mais mon message est surtout adressé à ceux qui tue par méconnaissance et qui laisse "pourrir" les cadavres. Les images de silures éventrés sur les bords ou les surfaces de nos lacs, rivières ou étangs sont honteuses. Non seulement l'image est néfaste pour notre pratique de la pêche mais en plus complètement inutile. Vous allez le voir dans la suite de cet article, si si j'y viens, pour moi le silure a un réel intérêt dans nos eaux !

A ce titre, je me permets juste de souligner que mes meilleurs secteurs de pêche contiennent "tous" des silures. Alors qu'en revanche, nombreux des secteurs "difficiles" que je pratique n'en contiennent pas !  Désolé d'être cru en l'écrivant mais c'est une excuse de "mauvais pêcheur" de dire que les silures ont pris la place des sandres ou des brochets. Il faut bien trouver une excuse et une nouvelle fois le silure à bon dos. Non, il n'a pas pris la place des autres espèces, encore aujourd'hui, mes meilleurs spots à "sandre" sont des lieux reconnus pour les "moustachus".

Que dire de la Mecque appelée "Mequinenza", du "lac d'Orient", "Saint Etienne de Cantalès", "Enchanet" ou "d'Eguzon", de la "Seine", "du "Tarn", du "Lot" ou du "Rhône" pour ne citer que les plus connus. Des secteurs considérés comme "les meilleurs coins de pêche" du moment avec une abondance de toutes les espèces  alors que les silures y sont très nombreux.

Y'a t-il une raison ? Là-dessus j'ai pu observer un unique critère: la diversité des poissons-blancs.

Le silure - nuisible ou ???

Nous y voilà et j'y reviens sur mes surdensités de "gros blancs". Pour moi aujourd'hui nombreux de nos lacs et rivières ont un déséquilibre dans les populations de poissons. Et ce constat je peux l'appliquer notamment à de très nombreux lacs vendéens pour ne citer qu'eux. La politique est désormais d'éviter les vidanges alors qu'elles seraient nécessaire.

Nous cumulons en "biomasse" toujours autant de poissons qu'avant mais essentiellement de "gros individus". Sur certains lacs, si je veux parler que des carnassiers, la capture de petits sandres est rare. Lorsqu'on prend une touche, les individus mesurent tous 70, 80, 85 à plus de 95cm. Sauf qu'une tonne de poissons de 5 à +10kg et bien finalement ça ne représente pas tant de poissons que ça ! Il en est de même avec les poissons blancs et les immenses bancs de grosses brèmes. Combien de tonnes en avons-nous ? 1 T de grosses brèmes = 1500 à 2000 individus. Que deviendrait ce même milieu si nous remplacions cette masse par des cyprinidés de 5 à 12cm...

Aujourd'hui, pour moi et c'est le point commun à toutes les "bonnes eaux" que je fréquente, le silure est un formidable remède sur les populations de gros blancs densitaires. Il opère comme prédateur.

Bien des pêcheurs au coup l'affirment, où avant son apparition il était possible de réaliser des bourriches de 50 ou 60 kg de brèmes de 0.5 à 2 kg, aujourd'hui il est plus difficile d'atteindre des scores à +10kg. En revanche, la qualité des touches a été remplacée par une quantité de fritures. Je vous le dis, la nature a horreur du vide, la masse piscicole de "gros blancs" en moins à favoriser la pousse des "petits cyprinidés". Sauf que si auparavant la petite bouffe pouvait se faire rare, aujourd'hui elle est en profusion ! Cela a permis de redynamiser les populations et notamment celle des carnassiers. Naturellement un équilibre s'est formée.

C'est simple, un milieu équilibré entre proies et prédateurs doit produire 3 à 5 kg de "bouffes" pour 1 kg de prédateurs. En éliminant X % de gros blancs improductifs se sont autant de % de petits blancs qui vont pousser et nourrir les carnassiers. Le calcul est très simple si vous avez  200kg de blancs et 600kg de grosses brèmes, carpes etc. La densité de carnassiers sera fonction de celle des proies. Soit + ou - 25% des 200kg = 50kg. En supprimant une partie de la pyramide haute, nous dynamisons les populations par le bas en rééquilibrant les "classes" plus jeunes. 25% de 200kg ou 25% de 500kg ne revient pas à la même densité de prédateur, non ???

En cela, le silure a en partie permis ce rééquilibrage "bénéfique" dans certains milieux.

Le silure - nuisible ou ???

En revanche, je n'écris pas non plus que le silure à détruit "un cheptel" de poissons. Il faut savoir que son régime alimentaire est très varié: oiseaux, rongeurs, batraciens, vers, moules, écrevisses... il ne mange pas que des poissons. Autrement dit son atteinte à la ressource n'est pas aussi conséquent que ce qu'il pourrait paraître. D'ailleurs, sa croissance est très faible pour un poisson qui a une si grande longévité. Le silure met 8 à 10 ans pour atteindre 1m et près de 20ans pour 2m. Ses phases de repos sont bien plus importantes que celle d'alimentation.

Alors oui, il devient "géant" avec la capacité de prendre des grosses proies: brème d'un kg, sandre, brochet, mulet etc... C'est un carnassier, il est opportuniste et prend ce qu'il peut attraper. Mais n'oublions pas que les brochets mangent des perches, comme les perches tapent abondamment dans les sandrillons de l'année. Les black-bass tapent dans les brochetons et les brochets mangent les black-bass, etc... Cela a toujours existé et ce n'est pas pour autant que nous les avons classé comme nuisible ! D'autant que je le répète, les silures mangent moins de poissons que les autres carnassiers. Ils ont un régime alimentaire si varié que les poissons ne représentent qu'un plus ou moins grand pourcentage de sa manne alimentaire selon l'époque de l'année. Alors arrêtons de le décrire comme l'ogre de nos eaux ou le "maux" à tous nos problèmes piscicoles !

En France à chaque nouvelle espèce, on vient crier "nuisible" dès qu'elle explose. Si nous l'avions fait sur le sandre dans les années 90 qu'aurait-on aujourd'hui dans nos eaux ?

Le silure - nuisible ou ???

Vous l'aurez compris, je trouve bien des arguments pour dire "oui" à la présence du silure mais pourtant je garde à l'esprit que toutes espèces doit être régulées et qu'elles n'ont pas leurs places "partout".

Plus le milieu est grand et moins l'impact est flagrant mais dès qu'il s'agit d'un petit milieu, la présence de trop grandes populations de poissons vieillissantes et/ou imposantes sont néfastes. Aujourd'hui le silure a permis de modifier la donne mais pour autant, il n'a pas sa place pour moi dans les "petits milieux".

Sur les lacs, grosses rivières ou fleuves, le silure n'a aucune répercussion. D'ailleurs de nombreuses études sur ce sujet l'ont démontré. En revanche, sur les petits milieux, je pense notamment à des petites pièces d'eaux ou des petites rivières, le silure n'a rien à y faire. De la même manière qu'une trop grosse quantité de gros brochets, de  gros sandres ou de gros poissons blancs a un fort impact sur l'équilibre du milieu. Tout simplement par le fait que la dimension même de ces "petits" milieux ne favorisent pas la production de "fortes" quantités de poissons et qu'automatiquement un "grand poisson" qu'importe l'espèce va prendre beaucoup de place.

Pour les pêcheurs de spécimens c'est génial de pouvoir capturer des brochets métrés ou des carpes de 20 kg et plus. Mais leurs présences dans un milieu n'a pas la même répercussion si la surface est de 1 000 ha ou de seulement 5 000 m². Nous ne sommes plus à la même échelle. Tout dépend du milieu d'accueil ! Il s'agit là d'un message adressé aux apprentis "sorciers' qui balancent du poissons ici et là sans aucune réflexion sur l'impact qu'ils auront sur le milieu par la suite si quand bien même l'espèce arrive à s'y développer.

Le silure - nuisible ou ???

Bref, aujourd'hui de nombreuses campagnes "anti-silure" naissent. Dans les salons ou animations, on peut même observer des comportements violent de certains pêcheurs sur ce sujet. J'en ai moi même fait les frais face à des pêcheurs très remontés lors d'une fête de la pêche au bord de la Sèvre Nantaise où nous avions mis des silures en bassin. Pourtant dans le même laps de temps plusieurs sandres, brochets et perches avaient été pris ... L'argument que les silures avaient tout mangé ne tenait pas à l'instant la route...

Une attitude de plus en plus régulière que l'on rencontre sur l'eau alors qu'il n'y a aucune raison de s'alarmer sur les densités de poissons, bien au contraire. D'ailleurs à ce titre, alors que je passe des milliers d'heures sur l'eau chaque saison, je ne touche pas plus de 10 silures à l'année. S'ils étaient si "nuisibles" et si "goulus", croyez-vous pas que j'en ferai plus !!! Ce n'est pas faute de pratiquer sur des zones où ils sont très bien représentés et cela ne m'a pas empêché la capture de plusieurs milliers de brochets et sandres sur les 5 dernières saisons.

La "guerre" du silure n'a pour moi pas lieu d'être, en revanche une nouvelle bataille vient de voir le jour, celle des pêcheurs "pro".

Ils ont vu dans ce poisson et la haine qu'il suscite, une opportunité où devrais-je dire un argument pour obtenir de nouvelles autorisations de pêche. Si la démarche d'origine est de détruire les silures ou de profiter des pêches pour réaliser des études. Finalement il s'agit surtout d'une très belle opportunité pour "piller" nos eaux. Puisque le hasard - je le redis - veut que les eaux à silure regorgent d'autres espèces et notamment de sandres.... Les pêcheurs "pros" pourront me vanter n'importe quel argument sur le fait qu'ils recherchent avec des grosses mailles spécifiquement les silures, je ne les crois pas à un seul instant. Justement là est le problème puisqu'ils ramassent également sandres, carpes et brochets. Des poissons "nobles" qui servent de fond de commerce sous l'argument du "silure". Une destruction gratuite sous un alibi d'époque...

Quand je vois la levée de certains filets qui contiennent plus de gros sandres que de silures (base de cette pêche), cela me rend fou. Etonnamment ils ne sont pas remis à l'eau et le filon est consommé sans modération... Que dire des carpes "records" qui partent lorsqu'elles sont vivantes dans les privés locaux...

Le silure - nuisible ou ???

Bref, le silure va encore faire couler beaucoup d'écrits les prochaines années dans la presse halieutique et les salons. Pour autant le problème de nos milieux n'est pas là. Si la gestion halieutique était réalisée intelligemment et que les pêcheurs prenaient conscience de l'état de nos eaux, croyez-moi que les silures seraient vites oubliées: pollutions, mauvaise qualité des eaux, sécheresse, sédiments entassés, absence de vidange, populations de poissons vieillissantes etc....

Par contre, bien que je pratique le No-kill et cela pour toutes les espèces, un prélèvement "rationnel" est nécessaire, également pour le silure. La chasse aux spécimens est très intéressante mais à un moment ou à un autre, par le vieillissement des populations de poissons dans nos eaux, il faudra taper dedans pour rééquilibrer la donne. Mais sur ce sujet je ne m'inquiète pas, vous êtes nombreux (et je le respecte si cela est fait de manière raisonnée) à consommer les carnassiers. Le problème aujourd'hui est plus dans les poissons-blancs... c'est un autre débat, j'y insiste mais pourtant là il y'a un réel déséquilibre !

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