Aventure en laponie !

Cela fait déjà un mois que je suis revenu d'un trip "pêche" en Laponie et c'est bien le temps qu'il m'a fallu pour m'en remettre et écrire ces lignes. La Suède, depuis10ans, est devenue mon pèlerinage annuel. Un voyage qui me permet non seulement de me ressourcer mais également de vivre, l'instant d'une semaine, dans une nature préservée de l'homme. Chaque voyage en a appelé un autre et si jusqu'à présent nous restions à proximité de Stockholm, cette fois nous avons franchi un cap en prenant la direction des contrées sauvages situées au Nord du pays: La Laponie !

Ce voyage a vraiment été un périple. Entre les barrières du Covid aux aéroports, la multiplication des documents administratifs, des tests etc... sans parler que nous étions 13 pêcheurs, cela n'a pas été de tout repos ! Pour autant, à l'arrivée, paysages et nature ont remis nos pendules à l'heure.

La Laponie est un territoire de forêts, de lacs et de rivières. Le cadre est à couper le souffle et tranche réellement avec les paysages que j'ai appris à connaître de la Suède: civilisation presque "inexistante", route en terre battue, omniprésence des animaux (élans, rennes etc...) et surtout un calme "naturel".

Nous avons cette fois-ci fait confiance à "North and Pike Adventure".

Idéalement placé entre de nombreux lacs et rivières avec la possibilité de pêcher en totale autonomie, la destination était faite pour nous. Les "périples" guidés ne sont pas dans notre état d'esprit, nous préférons pêcher selon nos goûts, envies et expériences. Réussite ou non, la pêche est totalement dictée par notre faculté à nous adapter et à comprendre comment les poissons sont positionnés. Cette formule est à mon sens plus "instructive" que d'être positionné par un guide sur un poste avec un choix de leurre déjà dicté. On apprend plus de nos erreurs qu'à écouter et copier exactement ce qu'on nous dit de faire. Pour autant, il est tout à fait possible sur ce camp d'être guidé. Ils sont 3 guides en place et très sympathiques.

Faute de pêcher à leurs côtés, il est en revanche recommandé d'échanger avec eux afin de comprendre comment les poissons sont positionnés à l'instant "t" et en fonction des conditions météos. Ils sont présents en permanence sur le camp et suivent l'évolution des pêches en cours, ils connaissent les lacs et peuvent donner des tuyaux ou des données importantes (type de structures, profondeur moyenne, proies naturelles...). Même si sur l'eau, vous êtes "seuls", sans connaissance des sites il est tout aussi important de savoir écouter pour ensuite utiliser les informations et tenter d'en tirer profit en fonction de ce que l'on voit sur l'eau ! 

La première difficulté de ce voyage a été de s'adapter à ce que nous connaissions de la Suède.

Depuis 10ans, nous étions habitués des lacs plus ou moins grands bordés de roselières et entrecoupés de nombreuses baies. Généralement les lacs jonglaient entre des espaces larges et profonds avec des zones plus "shallows". Ils suffisaient selon le vent, l'époque et les conditions de trouver les bonnes zones. Mais globalement cela se résumait à trouver les bonnes baies ou les herbiers bien exposés.

Ici en Laponie, surtout en Juin, les herbiers sont inexistants ! Sauf quelques petites roselières peu profondes, la pêche se fait sur des gros blocs rocheux, des pointes, des iles et autres hauts-fonds. Les lacs sont majoritairement peu profonds. Si bien que la pêche peut se faire partout. Les fonds sont remplis de blocs rocheux entremêlés et les brochets se cachent dans les interstices pour chasser perches, truites et ombres.

Pour autant, comme partout, le vent et la saisonnalité conditionnent les positionnements. Si il y'a des postes partout, les brochets se concentrent qu'en certains endroits. En revanche, ils y sont souvent en très grosses quantités ! 

La pêche consiste à localiser les poissons puis à trouver sur le lac des zones similaires en topographie ou exposition. Les prospections se doivent d'être rapides, les poissons sont là ou pas, mordeurs ou non. Ici, les brochets sont vierges, s'ils ont faim il ne faut pas 50 lancers pour en décider un !

Il s'agit d'une pratique de poste en poste jusqu'à trouver un "banc" qui permet de stationner plus longuement sur une zone. Une fois les poissons trouvés, la pêche du brochet prend alors tout son sens. Vous lancez sur des poissons actifs et qui - pour la plupart - non jamais vu un leurre. Tant que le brochet n'a pas été piqué ou n'a pas combattu longuement, loupé et même décroché, il remord !

Nous avons ainsi vécu des scènes incroyables de brochets foux furieux multipliant les attaques jusqu'à s'emparer du leurre. On a vu des brochets venir fracasser nos leurres, s'y piquer quelques secondes avant de se décrocher. Il suffisait alors de faire une pause et de redémarrer pour le voir ré accélérer sur le leurre ! Quand il s'agit de poissons de 80, 90 et même métré, vous en gardez des images à vie !

Il est difficile de décrire ce voyage tant il y'a de choses à raconter. Toujours est-il que je peux aujourd'hui dire que c'est quelque chose à vivre !

Pour autant, il ne faut pas croire qu'il s'agit d'une pisciculture ! Il ne suffit pas de lancer un leurre pour prendre un brochet et nous l'avons vu chaque jour en fonction des lacs pêchés et des approches effectuées. Sur certains lacs, une belle journée se soldait entre 10 et 15/20 brochets au bateau, sur d'autres les scores tournaient entre 35 et 60 brochets. Et parfois sur un même lac, les scores entre les bateaux pouvaient varier du simple au triple. Si les pêcheurs ne localisaient pas les poissons ou ne pêchaient pas de la bonne manière, il était facile de passer de 10 poissons à 0.

Chaque jour, le positionnement des poissons variaient suivant les vents et la météo. Certains jours il fallait pêcher dans 20 à 50cm de profondeur ou ailleurs il ne fallait pêcher qu'à partir de 1.5/2.5m. Parfois, les poissons étaient dans des petites baies et parfois uniquement sur des hauts-fonds ou autours des îles. Sans une remis en question, il était facile de se planter.

Exemple très simple, un bateau de notre groupe a validé +50brochets sur une journée. Le lendemain, ils ont décidé de retourner exactement au même endroit. Ils avaient trouvé la pêche et les zones, ils pensaient avoir compris et ils étaient décidés à faire mieux. La 2nde journée fût misérable, les poissons n'étaient plus sur les mêmes tenues et ne répondaient plus de la même manière. A midi, il a fallu qu'ils cherchent où ils avaient bougé pour sauver la journée....

Côté poissons, la quantité de brochets est vraiment incroyable. Lorsque vous tombez sur un "banc" et qu'il est actif, il est presque "possible" de faire un poisson à chaque lancer pendant une 15aine de minutes. Il s'agit souvent de brochets calibrés entre 55 et 70cm mais il est possible de ferrer un géant parmi les plus petits et même dans 50cm de profondeur.

Les gros brochets remontent sur les zones de concentration pour s'alimenter de brochets plus petits. J'ai ainsi pu prendre à vue un poisson métré alors que mon binôme travaillait un poisson de 60/65cm. Le gros brochet tournait autour et attendait le bon moment pour attaquer le plus petit. Un leurre bien présenté et le tour était joué, le poisson a avancé gueule ouverte sur ma présentation.

J'ai également vécu un magnifique moment autour d'une île. L'heure précédente, Jean-Michel venait d'y perdre un poisson estimé à 110cm. Nous avons repris la dérive à un nouveau créneau horaire pour voir si d'autres gros poissons n'étaient pas montés sur l'île pour chasser. Jean-Michel va alors y prendre un poisson de 102cm puis un second de +90cm.

Alors que le bateau descendait la cassure, j'ai vu un poisson de 110cm suivre mon leurre à raz le bateau. Situé 1m en retrait, je l'ai vu ouvrir grand sa gueule en guise de bâillement avant d'accélérer et pincer mon leurre. Un ferrage non anticipé et le poisson était pendu sur ma canne.

Une image gravée à vie et d'ailleurs ce grand brochet venait de se servir dans les plus petits...

Bref, un séjour inoubliable tant sur le plan paysage que sur la pratique de la pêche des brochets. Avec mon binôme, nous n'avons pas souhaité rechercher les perches mais elles sont également présentes en densité incroyable avec de belles tailles moyennes. Nous en avons pris chaque jour sur des leurres destinés aux brochets. Cela dit, nous avons fait le choix de nous concentrer sur maitre exos avec de belles moyennes entre 75 et 90cm et 10 métrés au bateau.

Sur notre groupe ce sont près de 700 brochets et 18 métrés qui ont été capturés en 6 jours de pêche. Pour autant, les conditions n'étaient pas complètement "favorables" avec des poissons encore éclatés sur les immensités des lacs. Je laisse rêveurs du potentiel des eaux que nous avons exploré qu'à l'échelle d'1 ou 2%, c'est pour dire !

Tous les jours des poissons dépassant le mètre étaient capturés ou décrochés. J'ai moi même perdu un poisson estimé à +120cm.

Le potentiel est gigantesque et il y'en a pour tous les goûts. Si avec Jean-Michel nous avons pêché de manière traditionnelle (swimbait et jerkbait), il était également possible de s'amuser aux leurres de surface sur des poissons plus calibrés et plus proche des bordures. Pour les pêches au souple, elles marchent également très bien mais l'agressivité des poissons nous a orienté sur des pêches aux leurres durs par économie...

Maintenant il faut se remettre dans le bain. Toujours est-il que même si je suis revenu "KO" physiquement de ce voyage, mon esprit, lui, est reposé....

Comments

[GERALD BOURNIGAL]

Bonjour, je te suis depuis des années , et à chaque fois c'est un plasir de voir ces photos, ces reportages!....
Passionné par la pêche dur broc, j'aimerais un jour pouvoir faire un tel voyage...
Aussi j'aurais aimé que tu me donne quelques pistes (un cout moyen) pour préparer un tel et fabuleux road trip!

[La Team Himbert]

Bonjour,
Il faut compter 1500/1600€ pour un tel voyage tout compris. Avec le covid et diverses péripéties, nous en avons eu pour plus de 2000€ (prise des billets tardives y compris véhicules, un avion de loupé à cause des orages etc...).
Pour un pêcheur de brochet, c'est un voyage à faire. Une pêche du poisson à son état pur avec des comportements "vrais".